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De la sale gueule comme motif de placement à l’isolement

Le 28 avril 2010

Nicolas a 33 ans.

 

Il est condamné longue peine depuis déjà 11 ans.

 

Non Nicolas n’a pas une tête d’ange.

 

Oui, il a une carrure impressionnante.

 

Voila pour la description physique.

 

Seulement, voila, il cherche à se réinsérer.

 

De Clairvaux, centrale tristement célèbre pour sa violence, où il était à l’isolement, Nicolas a été transféré sur Saint-Martin-de-Ré il y a déjà 4 mois.

 

Tout s’y passe bien…enfin, « bien », c’est un grand mot pour un homme de 33 ans, reclus criminel.

 

Il est venu à Saint-Martin pour plusieurs raisons : quitter l’enfer de Clairvaux, penser à sa réinsertion par la formation et cesser toute bagarre.

 

Car, c’est systématiquement ces troubles passés qui sont utilisés contre lui.

 

« Une fois violent, toujours violent », semble affirmer l’administration pénitentiaire.

 

Nicolas impressionne physiquement.

 

Alors en dépit des conséquences sur sa santé psychique, en dépit de ses arguments, la direction de Saint-Martin a demandé la prolongation de son isolement au-delà de deux ans, pour le motif simple de sa gueule.

 

« Votre présence a semé la panique parmi les autres détenus déjà sur place. Votre carrure physique a impressionné ; votre comportement violent et  agressif à l’égard de codétenus sur des établissements précédents […] a vite été connu des autres détenus.

[…] Vos codétenus sont pour beaucoup d’entre eux bien plus âgés que vous, malade ou dans un état de fragilité psychologique […] Votre potentiel d’agressivité et de violence ont conduit certains d’entre eux à ne plus sortir en promenade, à ne plus aller se doucher, à ne plus participer à des activités. […].

Des informations concordantes ont fait apparaitre que pour faire cesser le sentiment de terreur que vous inspirez à certains co-détenus, plusieurs d’entre eux ont envisagé de s’allier pour porter atteinte à votre intégrité physique. »

 

Dans ses observations orales, Nicolas n’a pas manqué d’indiquer :

« je ne peux rien faire quant à ma carrure physique pour ne pas impressionner les autres détenus.[..] je ne peux rien faire contre un sentiment, celui de peur éprouvé par les autres détenus.[…] je ne supporte pas l’isolement. Au bout d’un moment, je pète les plombs. »

 

Ainsi, en raison de critères uniquement physiques, Nicolas a été prolongé à l’isolement.

Bien plus, c’est selon des bruits de couloir laissant à penser qu’il pourrait être menacé, que lui, doit être placé à l’isolement ;

 

C’est donc soi-disant en raison de son passé et pour assurer sa protection qu’il y ait placé.

 

Plusieurs questions se posent alors :

-          Comment se fait-il que ce soit sur de simples suppositions qu’un détenu est placé à l’isolement,

-          Comment se fait-il qu’il doive subir les dysfonctionnements d’une administration impossible de le protéger ou qui craint pour la « sérénité » de son établissement ?

-          Le fait d’être physiquement impressionnant est-il un motif d’isolement, qui plus est au-delà du délai de deux ans ?

-          La connaissance des conséquences de l’isolement sur la santé psychique d’un prisonnier est-elle inconnue de l’administration pénitentiaire ?

 

Ban Public dénonce :

-          L’utilisation de l’isolement contre Nicolas au motif de critère physique ;

-          La méconnaissance de l’isolement sur la santé psychique d’un prisonnier ;

-          La violation d’un des principes fondamentales de l’incarcération : la réinsertion du prisonnier ;

-          La violation de l’article 3 et de l’article 8 de la CESDH : l’isolement est un traitement inhumain et dégradant, et attentatoire à la vie privée du prisonnier (droit dont AUCUN européen ne peut être privé) ;

-          Le non respect des prescriptions du Comité de prévention de la torture qui a constamment souligné dans ses rapports les conséquences néfastes de l’isolement sur la santé des prisonniers.

 

 

 

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Benoit DAVID

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